Les maladies auto-immunes représentent un ensemble de troubles complexes dans lesquels le système immunitaire, chargé normalement de protéger l’organisme contre les agents pathogènes (virus, bactéries, champignons…), se dérègle et attaque par erreur les tissus sains du corps.
Ce phénomène repose sur une perte de tolérance : l’organisme ne reconnaît plus certaines de ses propres cellules comme étant « à lui » et les considère comme étrangères, déclenchant ainsi une réponse immunitaire inappropriée.
Un processus commun : l’auto-agression
Le mécanisme central des maladies auto-immunes repose sur trois étapes fondamentales :
Perte de la tolérance immunitaire
Dans un système immunitaire équilibré, les globules blancs savent distinguer le « soi » du « non-soi ». Cette reconnaissance repose sur des marqueurs biologiques présents à la surface de chaque cellule.
Dans le cas des maladies auto-immunes, cette capacité de discernement est altérée : certains composants normaux de l’organisme sont identifiés comme des intrus.
Activation des défenses contre l’organisme lui-même
Une fois cette confusion installée, les lymphocytes (cellules de défense) s’activent et produisent des anticorps ou déclenchent des réactions inflammatoires contre les tissus sains.
L’inflammation devient alors chronique et localisée à un organe précis ou diffuse dans tout l’organisme.
Dommages et dysfonctionnement progressif
L’attaque immunitaire persistante entraîne des lésions, parfois irréversibles, qui perturbent le fonctionnement des organes ou systèmes touchés. La maladie peut évoluer par poussées, entrecoupées de périodes d’accalmie.
Deux grands types de maladies auto-immunes
On distingue généralement deux catégories :
Maladies auto-immunes spécifiques d’un organe
Le système immunitaire cible principalement un organe ou un tissu précis.
Exemples :
Diabète de type 1 : destruction des cellules productrices d’insuline dans le pancréas.
Sclérose en plaques : atteinte de la gaine de myéline entourant les nerfs dans le système nerveux central.
Thyroïdite de Hashimoto : inflammation chronique de la glande thyroïde.
Maladies auto-immunes systémiques
L’attaque immunitaire touche plusieurs organes ou tissus à la fois.
Exemples :
Lupus érythémateux disséminé : inflammation généralisée pouvant toucher la peau, les articulations, les reins, le cœur…
Polyarthrite rhumatoïde : inflammation chronique des articulations, parfois accompagnée d’atteintes extra-articulaires.
Syndrome de Gougerot-Sjögren : atteinte des glandes exocrines, avec sécheresse oculaire et buccale.
Facteurs impliqués dans leur apparition
Le déclenchement d’une maladie auto-immune est rarement dû à une cause unique. Plusieurs facteurs peuvent interagir :
Prédisposition génétique : certains gènes augmentent le risque de perte de tolérance immunitaire.
Facteurs environnementaux : exposition à certains agents infectieux, toxines, polluants…
Déséquilibres internes : perturbations hormonales, dysbioses intestinales, carences nutritionnelles…
Stress et émotions intenses : le système nerveux et le système immunitaire étant intimement liés, les chocs émotionnels peuvent contribuer à la déstabilisation immunitaire.
Une caractéristique commune : l’inflammation chronique
Quelle que soit la maladie, un élément récurrent est la présence d’une inflammation persistante. Cette inflammation est à la fois la conséquence et l’amplificateur du dérèglement immunitaire, créant un cercle vicieux qui entretient la maladie.
Vivre avec une maladie auto-immune
Ces maladies évoluent souvent par phases : périodes de poussées (symptômes plus intenses) et périodes de rémission (atténuation des symptômes). Elles nécessitent une compréhension fine de leurs déclencheurs et un suivi attentif pour préserver la qualité de vie et limiter la progression des lésions.